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Chapitre 10 : Le moulin

Résumé du chapitre

Iris, qui a quitté la ferme depuis deux mois, vit désormais chez son ami Giuseppe. Bien qu'ils partagent des moments de bonheur et de complicité, elle ressent parfois une douce mélancolie en pensant à sa vie en 2024. Giuseppe, quant à lui, vit au moulin familial avec son père Angelo, un meunier respecté, sa mère Madame De Luca, directrice de collège, et ses deux sœurs aînées.

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Un jour, lors d’une livraison de farine au village, Iris retrouve sa grand-mère Diana au marché. Leur émouvante retrouvaille est soudainement interrompue par l’insistante Madame Purge-de-la-veine, la fromagère opportuniste. Offensée par le refus de Diana de dévoiler le secret de son pendentif, cette dernière, frustrée, l’arrache. Diana révèle ensuite à Iris que le pendentif ne contient que de l’eau, mais insiste sur le pouvoir qu’une croyance inébranlable peut lui conférer.

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Diana confie à Iris que son père, Antoine, est devenu incontrôlable depuis son départ, mettant en péril la ferme familiale. Malgré cela, Iris décide d’aller lui faire ses adieux, car elle pense pouvoir retourner en 2024 grâce à l'aide de Monsieur Garemesse.

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Entre-temps, Diana apprend que Garemesse, ancien forgeron du village, figure parmi les morts à la guerre sur le monument aux morts. Cette révélation bouleverse Giuseppe, qui réalise que l'homme qu'il considérait comme un mentor n'était qu'un fantôme.

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Dans un message mystérieux, Garemesse propose d'accompagner Iris à la "maison du Démon" pour lui permettre de quitter cette réalité alternative.

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Avant son départ, Diana et Iris échangent un adieu définitif, conscientes qu'elles ne se reverront plus. Le lendemain matin, Iris prend également congé de Giuseppe, profondément marqué par son départ. Résolue et déterminée, elle se prépare à retrouver son époque, en 2024.

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Les points clés

1. Le contraste entre les époques

  • Les conversations entre Iris et Giuseppe offrent un regard fascinant sur les différences culturelles, technologiques et sociales entre leurs deux époques (2024 et l’époque du moulin). Ces dialogues soulignent le poids de la modernité et l’attachement à la ruralité, tout en mettant en lumière les défis et les valeurs de chaque époque.

 

2. Les relations humaines et leur profondeur

  • La complicité entre Iris et Giuseppe est un pilier central de ce chapitre. Giuseppe, profondément transformé par sa relation avec Iris, dévoile ses failles et sa tendresse.

  • L’amour inconditionnel entre Iris et sa grand-mère Diana est un autre point poignant. Leurs adieux traduisent une acceptation pleine de sagesse, renforcée par les révélations sur le pendentif.

 

3. La croyance et son pouvoir

  • Le pendentif de Diana, qui ne contient que de l’eau mais acquiert sa valeur par la foi qu’on lui attribue, illustre subtilement le thème du pouvoir des croyances. Ce symbole invite à réfléchir sur l’importance de nos convictions et sur ce qui donne sens à notre monde.

 

4. Les conséquences des actions et des choix

  • Antoine, sombre de plus en plus profondément dans sa crise identitaire. Les souvenirs brutaux liés à son alter ego refont surface, amplifiant son tourment. La douleur de l’absence de sa fille ne fait qu’exacerber ses troubles, et ses actes impulsifs mettent la ferme familiale en péril, accentuant la gravité de la situation.

  • Iris doit faire face à un choix déchirant : retourner dans son époque ou rester dans cette réalité alternative où elle a construit des liens sincères.

 

5. Le mystère autour de Garemesse

  • Garemesse, apparaissant comme un mentor pour Giuseppe, incarne la frontière floue entre les vivants et les esprits. Sa proposition d’aider Iris à la “maison du Démon” soulève des questions intrigantes sur la nature de cette quête.

 

6. La séparation et le thème de l’adieu

  • Les adieux entre Iris et Diana, puis entre Iris et Giuseppe, sont des moments chargés d’émotion, marqués par une profonde reconnaissance pour les liens tissés. Ces séparations illustrent l’idée de progression personnelle et de résilience face à l’inconnu.

La révélation sur Garemesse

La grande révélation de ce chapitre réside dans le fait que Giuseppe, persuadé que Garemesse était un homme bien vivant, découvre qu’il s’agit en réalité d’un esprit. Cette vérité éclate lorsque Diana, la grand-mère d’Iris, partage ses souvenirs d’enfance liés à la forge perchée sur la colline.

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Pour Giuseppe, cette découverte est profondément perturbante. Il réalise avec amertume que ses conversations avec Garemesse ont dû, aux yeux des autres, le faire passer pour un homme excentrique ou même un simplet, parlant seul à une table de terrasse. Cela explique également pourquoi le serveur avait fait remarquer que Giuseppe laissait toujours des pourboires sans jamais rien consommer : ces soi-disant pourboires n’étaient en réalité qu’une forme symbolique de paiement à Garemesse, une rétribution pour ses services. Cependant, en tant qu’esprit, Garemesse ne percevait pas la matérialité de ces gestes, mais absorbait uniquement leur valeur éthérique, une forme d’échange au-delà du tangible.

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Cependant, Garemesse, est sans conteste un "bon esprit" et se distingue par sa bienveillance constante et son rôle de guide éclairé auprès de Giuseppe. Bien qu’éthéré, il démontre une remarquable capacité à interagir avec le monde des vivants et à transmettre des enseignements.  

 

C’est précisément parce que Garemesse est un esprit qu’il possède probablement une connaissance approfondie du processus permettant à Iris de retourner dans sa réalité. Sa condition d’être éthéré lui confère une perspective unique et une compréhension des mystères entre les mondes, inaccessibles aux vivants. Cette connexion avec l’immatériel fait de lui un guide naturel et une figure clé dans la quête d’Iris, prêt à l’accompagner à travers des chemins que seuls ceux comme lui peuvent véritablement comprendre.

Analyse d'un dicton de la grand-mère :

"Les croyances, même si des fois elles nous retiennent, c’est aussi ce qui nous donne des ailes pour s’envoler vers l’immensité des possibles"

Philosophiquement, les croyances agissent comme des piliers de notre perception du monde. Elles façonnent notre réalité en donnant du sens à ce qui pourrait, autrement, sembler chaotique ou insaisissable. Cependant, elles ne sont pas dépourvues d’ambivalence. D’une part, elles peuvent nous "retenir", comme le suggère l’aïeule, en érigeant des barrières invisibles. Lorsqu’elles deviennent rigides ou dogmatiques, les croyances limitent notre capacité à explorer de nouvelles idées, à remettre en question l’ordre établi et à embrasser l’inconnu. Elles nous attachent alors à des certitudes rassurantes, mais parfois restrictives.

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D’autre part, elles peuvent être un tremplin vers l’infini des possibles. Lorsqu’elles sont fondées sur l’espoir, la foi ou l’intuition, les croyances insufflent une énergie transcendante qui nous élève au-delà des contraintes matérielles ou des incertitudes. Elles stimulent notre imagination, nourrissent nos rêves et nous poussent à entreprendre des actes audacieux, même face à l’adversité. C’est cette dualité qui confère aux croyances leur rôle central dans l’expérience humaine : elles sont à la fois ancrage et envol, limite et libération.

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Spirituellement, la phrase évoque une sagesse universelle : ce n’est pas tant la nature tangible de nos croyances qui importe, mais la manière dont elles résonnent en nous. Le pendentif rempli d’eau, évoqué dans l’histoire, en est un bel exemple. L’objet lui-même est insignifiant, mais il devient porteur d’un pouvoir grâce à la foi qu’on lui attribue. Cela renvoie à l’idée que l’essence divine ou transcendante ne réside pas dans les formes, mais dans la profondeur de notre intention et notre capacité à donner un sens au-delà de l’apparence.

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L’image des « ailes » offerte par l’aïeule symbolise cette faculté qu’ont les croyances de dépasser leur simple rôle utilitaire. Elles nous permettent d’entrevoir des horizons plus vastes, de transcender nos peurs et nos limites pour aspirer à une existence plus profonde, plus vaste, plus connectée. Cependant, cet envol demande un équilibre : une croyance rigide nous alourdit, tandis qu’une croyance ouverte et évolutive peut nous porter vers des dimensions insoupçonnées de nous-mêmes et du monde.

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En somme, cette phrase rappelle que les croyances, tout en ayant le potentiel de nous emprisonner, sont aussi les vecteurs de notre émancipation. Elles sont l’outil par lequel l’humain peut naviguer entre l’incertain et l’infini, le tangible et le transcendant, transformant ses propres limites en possibilités illimitées. C’est cette dualité qui en fait une force si puissante dans notre quête de sens et de vérité.

Conclusion

Au terme de ce dixième chapitre, le moulin d'Angelo s'affirme comme bien plus qu'un simple édifice de pierre et de bois — il devient le témoin silencieux d'une histoire transcendant le temps. Tel que les meules transforment le grain en farine, ce lieu a transformé Iris et Giuseppe, les modelant à travers leurs expériences partagées.

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L'eau qui fait tourner la roue du moulin symbolise parfaitement le voyage d'Iris — un courant irrésistible qui l'emporte vers son destin. Comme l'avait si justement exprimé Diana, les croyances peuvent à la fois nous retenir et nous donner des ailes. Cette sagesse résonne particulièrement alors qu'Iris se tient à la croisée des chemins, prête à abandonner la sécurité du connu pour l'incertitude de son retour.

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Les adieux déchirants échangés entre Iris et ses proches tissent une tapisserie d'émotions où se mêlent la douleur de la séparation et l'espoir du renouveau. Giuseppe, transformé par cette amitié éphémère mais profonde, devra poursuivre son chemin en portant les leçons d'Iris dans son cœur. Diana, avec sa sagesse ancestrale, accepte le cycle naturel de la vie, comprenant que certaines séparations, aussi douloureuses soient-elles, sont nécessaires.

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Iris finit en  prononçant ces mots lourds de sens : "Il est temps de rentrer chez moi." 

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